Contexte

Dans les années qui ont précédé la COP21, associations, médias et politiques ont énormément parlé de l’ours polaire et des bouleversements climatiques. Depuis, chacun a repris sa vie et ses mauvaises habitudes. Pourtant, la situation est toujours aussi difficile pour le plus grand prédateur terrestre, dont la survie est liée à la conservation de son milieu naturel : la banquise arctique. 

Dans notre imaginaire, l’Arctique est un milieu inhospitalier et préservé des activités humaines et de la pollution. Dans les faits, c’est l’un des endroits les plus pollués de la planète. Une récente étude a mis en évidence des taux de pollution record par les microplastiques (12.000 particules par litre !). Si les macro-déchets sont visibles et choquent l’opinion publique, les micro-déchets sont les plus nocifs pour les organismes. La pollution microscopique, portée par les courants marins et aériens, se retrouve dans les eaux de l’Arctique où elle contamine toute la chaîne alimentaire, passant du krill (un zooplancton) à la morue arctique, puis aux phoques et enfin à l’ours polaire. L’animal, qui peine déjà à chasser le phoque à cause des embâcles tardives et des débâcles précoces, est de surcroît contaminé lorsqu’il se nourrit. Cet empoissonnement conduit à un affaiblissement de son organisme, provoque des maladies, des difficultés à se reproduire et des malformations chez les oursons. Dans un milieu aussi impitoyable que l’Arctique, seuls les animaux en parfaite condition physique peuvent survivre. Il est donc de notre devoir de poursuivre les efforts pour lutter contre toutes les formes de pollution qui ont un impact sur l’Arctique.

L’ours polaire n’est pas le seul à souffrir des bouleversements climatiques, mais c’est une espèce emblématique avec un fort potentiel émotionnel, idéale pour sensibiliser l’opinion publique. L’espèce a été classée en 2006 comme Vulnérable sur le liste rouge des espèces menacées par les experts de l’UICN. Les récentes études confirment que la population d’ours polaire, actuellement estimée à 26.000 individus, pourrait être réduite de 30% dans les prochaines années si aucune mesure n’est prise pour enrayer les problèmes de formation de la banquise, principalement liés à l’impact des activités humaines sur le climat. L’éducation est donc la clef pour que les comportements vertueux soient adoptés par les enfants le plus tôt possible. Un enfant sensibilisé a plus de chances de devenir un adulte concerné par ces sujets.

Les modifications du milieu arctique encouragent également les ours bruns (grizzlys) à s’approcher des côtes. Ils côtoient alors les ours polaires. Des cas d’hybridation de plus en plus fréquents laissent penser que si l’ours polaire venait à disparaître, l’espèce pourrait être remplacée par le Pizzly, ours hybride, mélange d’ours brun et d’ours polaire. Mais les scientifiques ne savent pas encore si cet ours sera suffisamment adapté au climat arctique pour survivre. 

L’association AVES France

AVES France est une association loi 1901 de protection de la nature et des espèces menacées. Elle est animée par une équipe bénévole et ne compte aucun salarié. L’association a été fondée en juin 2005 et a déjà mis en place une importante campagne de sensibilisation sur l’ours polaire en 2008 / 2009. Ce projet a reçu un très bon accueil dans les écoles. Il a également permis des collaborations avec le Museum d’histoire naturelle de Rouen, des festivals de la nature, un réseau de restauration scolaire et un exploitant de piscines et de patinoires. Des milliers d’enfants ont bénéficié de cette action portée par notre association, il y a déjà 10 ans. Chaque année depuis 2017, AVES France organise en février à Paris la Journée mondiale pour sauver les ours, manifestation festive qui plaît beaucoup au jeune public (jeux, atelier moulage d’empreintes d’ours, mascotte d’ours…).

Biodiversité 2020

 Dix ans après notre Opération Ours Polaire, nous constatons que les efforts de mobilisation se sont relâchés. Les médias parlent moins des problèmes climatiques depuis la fin de la COP21 et la signature des accords de Paris. Pourtant, si nous voulons « sauver le climat » et lutter contre le réchauffement climatique et ses effets sur la nature, les hommes et les animaux, il faut poursuivre la sensibilisation du grand public et notamment des plus jeunes. 

Le Ministre de la transition écologique et solidaire a lancé en mai 2018 la mobilisation de la France en faveur de la biodiversité avec pour horizon le 7ème congrès mondial de la nature, qui sera organisé à Marseille par l’UICN en juin 2020. D’ici cette date, de très nombreux évènements seront organisés afin d’enrayer la perte de la biodiversité. C’est dans ce cadre qu’AVES France souhaite mettre en place son nouveau projet de sensibilisation sur l’ours polaire.

Une communication inédite et innovante

Nous sommes très fiers de la qualité de l’action que nous avons portée il y a dix ans, car nous avions bénéficié du soutien de professionnels pour proposer aux enfants des supports attractifs et particulièrement bien illustrés. 

Nous ne souhaitons cependant pas reproduire une action déjà menée. En dix ans, la société a évolué. Nous pensons que pour toucher les enfants d’aujourd’hui, il faut réinventer notre façon de nous adresser à eux. Le projet que nous leur proposons aujourd’hui ne consiste plus à leur parler simplement de l’ours et de leur présenter une exposition dont ils ne liront pas les panneaux. Notre projet est plus ambitieux : nous allons leur faire vivre une expérience extraordinaire : rencontrer un ours polaire, installé dans leur école.

L’ourse Aiyanna devant la tente.

Communiquer autrement

Papouk le Pizzly,
un ours polaire pas comme les autres.

Qui mieux qu’une vieille ourse polaire peut témoigner de l’impact direct de nos modes de vie sur la banquise ? Nous avons fait le choix audacieux d’emmener les élèves en dehors de leurs classes, dans la tanière de notre ourse, installée dans la cour de l’établissement. La structure de 8 mètres de diamètre pourra accueillir une à deux classes par session. Les élèves y rencontreront Aiyanna (fleur éternelle en inuit), une vieille ourse qui, après une longue et belle vie sur la banquise arctique, a décidé de se retirer du monde des glaces pour passer une retraite bien méritée sur la terre ferme.

En quelques décennies seulement, son océan glacé s’est métamorphosé. Elle a vu arriver par les airs et les eaux la pollution du monde des hommes, puis le climat se détraquer. Pour ses oursons devenus grands, pour les générations d’ours polaires à venir, elle a choisi de voyager à la rencontre des humains pour leur parler, pour témoigner des bouleversements qui touchent l’Arctique, de l’urgence climatique et leur adresser un souhait : celui de tout faire pour préserver notre planète. Bien sûr, elle parlera longuement de Papouk, son petit dernier, son chouchounours, un ourson pour lequel elle gardera pour toujours une infinie tendresse. Papouk est un ourson différent des autres ; c’est un Pizzly. Le fruit d’un amour provoqué par les bouleversements climatiques. D’un amour que l’on pensait impossible entre un grizzly et une ourse polaire. Entrez dans sa tanière et écoutez le plaidoyer d’une maman ourse pour la préservation de l’Arctique.

Le but de l’histoire de l’ours Papouk, écrite et mise en scène par Patrice Mizrahi (musicien, auteur, metteur en scène) est que les enfants n’assistent pas à une conférence ordinaire. Le discours tenu par l’ourse durant le spectacle permettra de leur transmettre les informations que nous faisions passer habituellement lors d’expositions et de conférences, par une communication volontairement positive (optimiste) et tournée vers l’action et l’avenir. L’ourse aura des échanges avec ses invités, diffusera des photos, de la musique et des extraits de films…

Cela nous permettra d’aborder :

Le cycle de vie des ours lié à la banquise :

  • l’alimentation
  • la reproduction
  • la naissance des oursons
  • les adaptations de l’ours à son environnement…

Les solutions pour diminuer notre impact sur la planète et sur les ours polaires (écogestes), les autres habitants de l’arctique…

Les transformations du milieu naturel :

  • la pollution visible (plastiques, déchets…)
  • la pollution silencieuse (polluants  chimiques)
  • embâcle tardive et débâcle précoce
  • difficultés à trouver de la nourriture
  • hybridation entre ours polaire et ours brun (Pizzly)

Un projet itinérant

Pour toucher un maximum d’enfants, nous travaillons sur un concept itinérant. Le but est que notre ourse puisse sillonner la France et s’installer dans les écoles qui en feront la demande, mais également dans des festivals nature ou lors d’autres évènements majeurs (comme le congrès mondial de la nature en 2020 à Marseille). Pour rendre cela possible, AVES France a acheté une structure gonflable de 8 mètres de diamètre.

Ainsi, nous pouvons recevoir les enfants dans un lieu neutre, décoré avec les éléments de mise en scène, ce qui permet immédiatement de les transporter dans une réalité différente de leur quotidien et de mieux capter leur attention. Une autre version du spectacle est également proposée aux municipalités qui peuvent mettre à notre disposition un théâtre ou une salle des fêtes aménagée pour les spectacles. 

La bénévole qui incarne la mère de Papouk porte un costume d’ours réalisé par une costumière renommée en Autriche (Erika Reimer) que nous avons eu la chance de rencontrer. La vieille ourse, retirée de la banquise, reçoit donc les enfants chez elle. Elle ponctue son récit d’interactions avec le public, en utilisant notamment des éléments du décor (sa malle aux trésors contenant un filet de pêche plein de déchets en plastique), un journal… mais également des photographies et des extraits de films qu’elle diffuse pendant le spectacle.

AVES France distribuera un livret de 16 pages imprimé sur papier recyclé à chaque enfant après le spectacle.